Institut Européen des Arts Céramiques

Association pour l’enseignement, la formation et la diffusion des arts céramiques en France et à l’étranger

Vous êtes ici : Institut Européen des Arts Céramiques / Expositions / Résidences / 2019 - Marie-Ève Fréchette

2019 - Marie-Ève Fréchette

Mars - avril 2019

Constructions et prototypes


Le projet de recherche réalisé lors de ma résidence de création de deux mois à l'Institut Européen des Arts Céramiques de Guebwiller constitue la première phase du projet à venir Corps étrangers (2020). Élaboré principalement à partir d'une collecte d'objets et de matériaux trouvés sur place, dans les espaces d’ateliers de l’IEAC et dans les rues de Guebwiller, ce projet explore le potentiel poétique de la rencontre entre le travail fait main essentiellement céramique et les objets de rebus industriels et obsolètes, transformés puis recontextualisés. Une exposition de sortie de résidence, Constructions et prototypes, a été présentée à La Médiathèque de Guebwiller du 26 au 30 avril 2019.

Une exploration riche de différentes terres, de procédés de moulage/profilage/modelage et de traitement de surface a généré de nouvelles idées et permis la réalisation d’un ensemble de sculptures. Les formes faites main (céramique) de facture organique apportent une autre temporalité au corpus fabriqué de matériaux divers (argile, plâtre, objets recyclés, mobilier). Étant uniques, la fabrication des pièces céramiques implique temps et répétition de gestes. Elles contrastent en cela des objets usinés d’apparence immuable et reproductibles en série. Ces derniers, que l’on reconnait, ajoutent un point d’ancrage tout en demeurant une énigme, une variable inconnue à l’équation.

Pendant cette résidence, mon atelier à l’IEAC est devenu un espace de collecte et d’archivage d’objets et de matériaux divers. J’y ai accumulé intuitivement un inventaire de choses trouvées dans mon environnement immédiat. Ce projet, tributaire de l’espace dans lequel il a été réalisé, a été principalement basé sur la recherche et l’expérimentation, la prise de risque et le renouvellement de mon univers formel et spatiale. J’ai développé différentes idées dans un même espace qui ont cohabité et convergé pour devenir complémentaires. Mes explorations ont mené à la réalisation d’un corpus de douze sculptures qui constitut un système à l’intérieur duquel s’est développé une logique qui lui est propre. Un même objet se matérialisant et se déclinant sous différentes formes selon les étapes de fabrication où chacune s’ajoute au corpus (objet initial, moule, objet reproduit puis transformé et assemblé). Déconstruire pour reconstruire autrement des objets nés de l’incongruité des connexions. Poser un geste sur ce qui m’entoure, manipuler l’objet dans une volonté de le réactiver au-delà de ses fonctions d’usage en l’utilisant comme un fait sculptural actif.

Mon travail reflète ma manière de voir mon environnement et d’en rendre compte. J’observe la façon dont le monde se construit et se transforme. Je questionne son fonctionnement et l’impact de l’humain sur celui-ci. Je m’intéresse à notre façon de construire l’espace collectif. La collecte et l’archivage d’objets divers et de matériaux de toutes sortes constituent autant une méthode de travail qu’une réflexion sur notre rapport à l’objet et notre impact en tant qu’humain sur notre environnement social et naturel. Dans une perspective élargie, mon travail propose un questionnement sur le vivant, sa complexité, ses paradoxes, sa force et sa fragilité, sa puissance et ses limites.


*  MARIE-ÈVE FRÉCHETTE

Marie-Ève Fréchette est une artiste canadienne qui vit et travaille à Québec - www.marieevefrechette.ca. Suite à un parcours multidisciplinaire en sciences, en céramique et en arts visuels, elle poursuit un travail essentiellement sculptural et installatif. Diplômée de la Maison des Métiers d’Arts de Québec (Option céramique-2012), elle présente Objets idiopathiques à l’Espace Parenthèse (2014) et diffuse sont travail dans plusieurs événements et expositions collectives, dont la Foire en Art Actuel de Québec (2016) ainsi que la Manif d’Art 8 - la Biennale de Québec (2017). Elle détient une Maîtrise en arts visuels de l’Université Laval (2018) et est lauréate du Prix René-Richard pour le projet Particules élémentaires diffusé la même année à Québec.
Haut de page