Institut Européen des Arts Céramiques

Association pour l’enseignement, la formation et la diffusion des arts céramiques en France et à l’étranger

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GABRIELLE VUATTIER

Tout est cousu d'enfance


J’avance avec cette incertitude qui ne me quitte jamais, tantôt douce, tantôt folle.

Mais, peu à peu, elle construit un regard, un rapport de sauvegarde, de distance, sans doute nécessaire pour préserver une forme de légèreté.

J’observe, beaucoup. Je collecte aussi, ça me rassure. Et, lorsque l’ennui me prend, je modifie un facteur. J’opère un déplacement....

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Sur le fil


Penser et surtout panser


Avec le matériau, je déconstruis les incertitudes. Je bâtis une relation de confiance, un rapport d’équilibre. Nous sommes sur le même plan, je ne cherche pas à dominer, je réponds et agence mes intentions à son rythme. À force de cette écoute, est venu le temps du jeu.

Territoires

Habiter un espace

Au commencement du projet, le désir de poser des limites, de définir un territoire.

Espace à l’intérieur duquel travailler, espace de projection d’une idée ou d’un sentiment.

Comme si quelque chose ne pouvait advenir sans le lieu qui l’accompagne.
Le territoire m’a amenée à l’idée d’appartenance, appartenance à une culture, à une famille mais aussi, un peu plus loin, à la notion d’intimité, d’espace intérieur.

La chambre d’enfant s’est imposée. Parce que spontanément, les enfants jouent, parce que, spontanément, ils se racontent des histoires et parce que, naturellement, les enfants transgressent aussi. C’est le lieu des libertés. Un espace dans l’espace.
 

Le lieu de l’enfance me donnait, de fait, l’occasion de situer un geste et une manière ; agencer, ordonner, déplacer, déconstruire : jouer.

Une fois que j’eus défini le lieu, j’ai pensé à ces enfants rebelles : Alice, Peter Pan, qui se refusent à sortir de l’enfance et à entrer dans l’âge adulte. L’atelier et la chambre se sont confondus.

Au fil du projet, je suis devenue l’enfant qui joue.

Comme un besoin d’échapper aux certitudes avec le matériau, je me suis lancée des défis, je provoquais le hasard, j’ai agrandi, rapetissé, transgressé. Je me suis rappellée Alice et l’instant qui succède la chute....

...Je pensais à des couleurs primaires et à des formes primaires....

...Le bâton, la tige, m’évoquent la canne, le repère, l’unité de mesure. Il a à voir avec grandir.

J’ai aussi pensé, très tôt, à ce jeu d’adresse : le mikado. Cette idée qu’il faut être adroit pour s’émanciper est restée dans un coin de ma tête.

Objets blessés, objets réparés

Au départ, il y a ce geste : graver, inciser. Le matériau le permet tellement. Et puis le souvenir de mon premier enseignement céramique, ce fut cette couture.

Au fil du temps, la couture céramique est devenue la trace d’un vécu, un témoin de la construction de la pièce. Symboliquement aussi, c’est relier, rattacher, des choses entre elles. Elle peut être aussi une cicatrice, la trace d’une séparation, le point de rupture entre deux choses en même temps qu’un pont, un lien, de nouveau.

Je me suis amusée à jouer de cette ambiguité. Je me suis laissée prendre au plaisir de l’enfant qui casse pour comprendre, pour estimer le pouvoir de résistance des choses....

De fil en aiguille : série - collection

La série m’intéresse parce qu‘elle inscrit une sorte de narration.

Celle des 100 voitures est devenue une collection. Je me suis mise à les numéroter....

Il y a dans la répétition quelque chose qui a trait à la recherche de l’infime. Une recherche faite de variations infimes. Ce serait comme faire ses gammes. J’ai fait mes gammes sur ces voitures avec une idée derrière la tête.

Je suis derrière chacune d’elles. Elles parlent de passé, de blessures, de cicatrices, visibles, profondes ou superficielles et de celles, trop grandes, qui ne pourront être reprises.

De fil en aiguille, les voitures sont devenues des personnes, puis une seule.

Elles sont 100 car elles matérialisent une vie humaine.
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