Institut Européen des Arts Céramiques

Association pour l’enseignement, la formation et la diffusion des arts céramiques en France et à l’étranger

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2017 - Joséphine Viot

septembre-octobre 2017

Résidence à la MMAQ à Québec

QUÉBEC (Qc) - Carnet de résidence

Je veux réaliser un ensemble de pièces, que l’on peut qualifier d’assises, de petits tabourets, ou de grands bancs...

Des tabourets, aux allures de monstre. Je ne sais plus si l’histoire part du meuble ou de l’animal imaginaire, mais c’est l’histoire d’un objet, qui prend de la place, qui a sa place, qu’on utilise ou non, qui est posé, comme nous, sur le sol. Et auquel on s’attache. (Ô, les dodus ne sont pas très loin !)

Ce qui m’inspire et m’emporte, dans l’idée d’une assise en terre cuite, c’est le côté minéral, la présence.

Je vois beaucoup d’objets interchangeables, multifonctions, démontables, déplaçables... Je veux installer ici et là des objets modelés, uniques et présents.

 

Première confrontation à cette nouvelle terre, un grès rouge de moyenne température, cône 6. Mais très très lisse, dites donc ce grès ! Viens, on ajoute de la petite chamotte mignonne... Je commence une pièce à deux pattes. Qui n’est que deux pattes en fait.

Et du colombin que je lisse, pour essayer, pour m’amuser, parce qu’à l’habitude je laisse les traces d’étalage, là je lisse. Et sa peau tremble, et j’aime bien.

Alors je le pose sur la fenêtre, il me surveille, face à la vue à l’américaine.


J’ai envie d’une pièce à plusieurs pattes. Plus petit monstre, plus lisible.

Je suis curieuse de comprendre le lien visuel qu’il y aurait entre la forme des pattes sur une bête et la démarche qu’on lui associe. Petit volume haut sur pattes, forme asymétrique...) Ici, je fais un effort pour ne pas régulariser la forme des pattes, pour qu’elles soient comme sorties d’un dessin maladroit.

Mais l’effet global obtenu ne me convient pas. Trop de monstre.

Trop de mollesse, d’organique, d’imbrications de formes, en plus des poils... ça fait beaucoup trop. Pas assez minéral, pas assez sage, pas assez endormi.

Rebondissement sur la pièce précédente, une nouvelle pièce à trois pattes mais d’avantage de tabouret, moins de monstre dans la forme. Et tentative de respecter le croquis d’intension. Mais, non, ça ne marche pas.

Recherche, rendre vivant. L’objet est posé au sol, et quel effet ça donne ? Juste une bosse en terre, par terre ? Ou plutôt une boule de poils, qui peut se dérouler n’importe quand ? Alors elle aura des pattes, qu’on ne verra pas, puisque la bête dort. Ça ne change pas la forme de l’objet, c’est juste une phrase qui change la manière dont on voit l’objet.

Lisse ou poilu ?
Au colombin, c’est la touche plus texturée et rapide qui me vient mécaniquement. Mais l’équilibre que je cherche à trouver en bougeant les curseurs [animal/monstre/tabouret], me fait lisser pour m’approcher de l’objet lisse et synthétique et laisser de la place à une forme organique, avec des pattes, ou une posture qui fait plus facilement penser à un corps de bête.

En construisant cette boule, ma première intention était simplement de dépasser les volumes précédents. Faire grossir la bête pour assimiler sa place dans l’espace, comprendre sa présence.

Mais avant la fin, la forme sphérique m’a ennuyée. Alors quand je bloque, il y a l’option douce, je repasse par le dessin.

Pas de déblocage. Alors il y a l’option violente, je détruis/déchire un morceau de la pièce, et cet accident ouvre visuellement les possibilités.



Il y a eu quelques jours, où je me suis contentée de reproduire en volumes les dessins d’intentions que j’avais faits plus tôt.

Je choisissais le mélange de terres pour la couleur qui correspondrait à son caractère et zou !

Colombin colombin colombin, plus de questions, juste des gestes qui montent qui montent. Ça libère la tête.
 
 

Premières cuissons et exposition

Première cuisson en mono-cuisson des petites pièces. Ces pièces, qui ne devaient être que des maquettes, finalement trouvent leur force d’exister en l’état, après avoir enfilé leur couleurs de cône 6.

Rencontrer des gens qui croient en toi, ça fait cet effet.

 
 
Les routes multicolores entre Tadousssac et La Malbaie, l’ïle d’Orléans et Québec bien entendu !
 

Remerciements

Un grand, que dis-je, un immense, plusieurs même immenses mercis à l’Institut Européen des Arts Céramiques de m’avoir choisie et avoir tout mis en œuvre pour me permettre de vivre cette expérience.
Merci également à l’Office franco-québécois pour la Jeunesse de m’avoir aidée à étendre ce voyage.
Un autre énorme merci à la Maison des Métiers d’Arts de Québec, pour avoir été si accueillante.
Et à tous ceux qui m’ont accompagnée durant ce séjour inoubliable.
 
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