Institut Européen des Arts Céramiques

Association pour l’enseignement, la formation et la diffusion des arts céramiques en France et à l’étranger

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2013 - Loriane Thibodeau

mars-avril 2013

Résidence à l'IEAC à Guebwiller

Mise en contexte

Résidence de 2 mois à l’Institut Européen des Arts Céramiques situé à Guebwiller en Alsace (France)

"Grâce au partenariat qu’entretiennent la Maison des métiers d’art de Québec et l’IEAC, chaque année une Québécoise et une Française ont l’opportunité de vivre une première résidence de création. Mon projet de recherche consistait essentiellement à poursuivre mes recherches en œuvre d’expression céramique ainsi qu’à changer le format habituel de mes sculptures et ce en travaillant le petit format, voire même la miniature.

Souhaitant sortir de mes réflexes de création, j’ai décidé dès le départ de jouer le tout pour le tout en mettant volontairement de côté mes points d’appui. J’ai supprimé le plus de références possibles et ce jusque dans les détails.

Mes projets sur papier

.... Ayant supprimé les repères et n’ayant plus de point d’appui, c’est le vide que j’ai volontairement installé autour de moi. Cette «liberté totale», je la souhaitais et quand je l’ai eue, je ne savais plus quoi en faire. En cassant autant ma routine, je me suis offert le maximum de liberté de création possible. Ce que je ne savais pas avant d’être coincée dans ce bouleversement planifié, c’est que cette liberté a un prix, celui du vertige.

S’il y a une leçon que je pourrais associer à cette première résidence de création que j’ai vécue, c’est qu’il n’y a pas d’Inspiration avec un grand «I», uniquement du travail et de la détermination. Les professeurs qui m’entouraient durant ma résidence, ceux qui en ont vu d’autres et qui comprennent ce sentiment de vertige, m’ont écoutée et encouragée à continuer à marcher sans regarder en bas, à marcher en regardant loin devant.

Les réalisations

« L’appel de l’immensité, dans tous les sens. En prendre conscience - vivre la résilience – et savoir qu’en le choisissant on laisse tomber tout le reste, qu’en s’y abandonnant on abandonne ce qui est déjà derrière nous. »

Drôle, cette impression d’être plus efficace/productive en travaillant sur trois projets en même temps que sur un seul. Depuis maintenant 2004 que je me consacre aux études, à la céramique et à la création, je n’avais jamais eu autant le vertige.

Au final, ce sont une douzaine de sculptures d’environ 6 x 6 x 6 cm à 15 x 15 x 30cm qui ont été fabriquées. Chacune étant le résultat unique des nouvelles expérimentations dans la matière, mais l’ensemble appartenant à cette même intention de traces et de distorsions. Cuites à 1280˙C en oxydation dans un four électrique, les sculptures ont été essentiellement fabriquées avec un grès noir chamotté, un engobe de porcelaine translucide (parfois coloré aux pigments) et des glaçures translucides soit lustrées soit satinées. On pourrait parler de certaines de ces pièces comme de paysages-navires, hybrides d’épaves immenses dont une nouvelle forme de vie a pris naissance à leur surface. Qu’on y observe une maison ou un ours polaire, chacun semble vivre dans ce milieu hostile avec un certain naturel. D’autres sculptures sont de formes plutôt verticales et donnent l’impression d’îles-rochers aux formes étranges. Sur la plupart d’entre eux on peut observer de petites habitations, parfois même des villages. À l’image d’un nouvel espace habité ces minuscules bâtiments établissent le schéma d’une colonisation inventée, l’hypothèse d’un monde établi dans un paysage aux lignes abruptes et inhospitalières....
Dans mon atelier temporaire, moi qui suis encore une céramiste nomade, je fabrique des petits mondes et je les colonise. À défaut d’avoir un endroit à moi, une maison, je m’en fabrique une, deux, des dizaines. Les maisons = habiter un lieu. Les bateaux = se déplacer d’un lieu à l’autre. Entre sédentarisation et nomadisme, la zone est grise.

L'accueil a été si chaleureux et la communication si fluide que je dois avouer m'être sentie très bien tout au long de mon séjour. Il était si naturel que je sois là, en Alsace comme dans les autres régions que j'ai visitées, que j'ai eu l'impression d'être une vieille amie que l'on n'avait tout simplement pas vue depuis longtemps. Pourtant, c'était bel et bien la première fois que je mettais les pieds en France et que je faisais la connaissance de ces céramistes.

L’IEAC a été un lieu agréable en tout point : accueil chaleureux, qualité des professeurs et intervenants, possibilité de suivre les stages (énorme richesse!), liberté et autonomie, partage continuel, réponses à mes questions, etc. Pour toutes ces raisons et tout le reste, je suis pleine de reconnaissance envers l’IEAC et son équipe.


À mon retour, mes collègues ont vu les quelques pièces rapportées et les photographies de l’ensemble et ils m’ont avoué être également surpris. Ces nouvelles sculptures dans un tout autre ordre d’idées que mes œuvres antérieures confirment, d’après certains, que ma démarche ratisse large et se concrétise en de multiples formes.

En conclusion, je suis extrêmement heureuse de cette première expérience de résidence de création et de premier contact en sol français. Je souhaite conserver les liens que j’ai établis, en faire de nouveaux en retournant sur place et aussi accueillir à mon tour ici au Québec les céramistes et artistes que j’ai connus de l’autre côté de l’océan."
Pour leur précieuse aide logistique, technique et/ou financière, Loriane Thibodeau tient à remercier la Maison des métiers d’art de Québec, l’Institut Européen des Arts Céramiques (Guebwiller, France), Les Offices jeunesse internationaux du Québec ainsi que tous les potiers et céramistes qui l’ont si chaleureusement reçue. Un GRAND MERCI!
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