Christiane Jego

Pourvu qu'on arrive quelque part...

« En route, le mieux c’est de se perdre.

Lorsqu’on s’égare les projets font place à des surprises et c’est alors, alors seulement que le projet commence ».

Nicolas Bouvier
Dans la vapeur blanche du soleil

Chemin faisant

Demain, demain qui sait.

Je n’en finis pas de m’attarder, chercher le surgissement de quelque chose, un détail, un imprévu, un fragment du monde.
Je cherche un prolongement.

J’ai cherché le volume avec l’envie d’y inscrire la trace d’une histoire.

Je cherche avec le trait, la couleur, une tension, un détail énigmatique, une figure qui apparaît, un paysage qui se dessine, se dérobe, disparaît, réapparaît, toujours à réinventer.

Je m’accroche à ces détails, une image, un souvenir, un mot s’associent.
Une tonalité se dégage, une histoire parfois peut y prendre place.

….
J’avance lentement.
….
Faire et défaire avant de se reconnaître. C’est l’histoire de nos vies, des récits recomposés, la reconquête d’une unité.

À la recherche d’une formule…

D’un espace dans lequel inscrire ces histoires, les mettre en lien.
D’une forme plastique qui les accueille.
D’un caractère sensible, poétique.

Ce sera la marelle.

La marelle pour sa portée symbolique de tracé de la terre au ciel, pour la valeur sacrée que recouvre son dessin de plan d’église.

J’appellerai marelle nos histoires de traversée à la rencontre du monde, avec ses moments de découverte, de passage, d’effacement, de superposition, de renouvellement possible avant l’aboutissement du parcours.

Un écho à mes préoccupations, à la recherche d’un essentiel.

Des marelles partagées,
Des marelles singulières,
De petites marelles,
De leur dialogue est née la vie de l’ensemble, c’est cet ensemble qui fait sens.

La fabrique
J’ai fait une marelle de carreaux pour dessiner.
….
Carreau de porcelaine
Des carreaux blancs comme une feuille blanche… Puis vient le temps du trait, de la couleur, de l’écriture.

….
Feuilles de porcelaine-papier

Des carreaux comme des feuilles pour un trait qui court, des éléments qui s’asemblent, une écriture qui prend corps.

À chaque fois, repartir de rien.

Ce seront de petites formes poétiques de la marelle. Des moments de recherche, un espace de notation.
….

….
Briques

Certaines marelles plus singulières, mes marelles, ont pris une forme plus singulière.

Petites architectures de briques, comme pour construire l’édifice.

J’y ai inclus des traces de mes histoires, scellées dans la brique.

Le tracé qui les parcourt leur fait écho.

Christiane Jego

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